L’émotion de l’arrivée
« En approche de la ligne, j’étais en pleurs mais ça ne se voyait pas car il faisait nuit (rires). Le départ, on le partage avec 28 autres marins. Mais pour l’arrivée, les gens viennent juste pour t’accueillir, c’est une émotion incroyable. Mais je ne me leurre pas, ils viennent aussi pour clôturer le Vendée Globe. Je suis content d’avoir eu un break entre le passage de la ligne d’arrivée et l’entrée dans le chenal. Cela permet de mieux gérer l’émotion des retrouvailles. L’arrivée va beaucoup trop vite. Tu passes la ligne tout seul et quelques secondes plus tard il y a déjà plein de monde à bord ! »L’aventure avant tout
« Le Vendée Globe est une très belle course pour les vainqueurs. La bataille entre Armel (Le Cléac’h) et Alex (Thomson) a été fabuleuse. Mais le Vendée Globe ce n’est pas que ça, loin de là. L’accueil du public l’a prouvé aujourd’hui. Les gens n’attendent pas seulement de la compétition, ils veulent avant tout qu’on leur raconte des histoires. De mon côté, j’ai adoré la course de Conrad Colman et ce final sous gréement de fortune. »50 jours d’écart avec Armel Le Cléac’h
« 50 jours entre Armel Le Cléac’h et moi : c’est un gouffre… Quand Armel est arrivé aux Sables d’Olonne, il me restait 9000 milles à parcourir. Je me suis dit : « c’est dément ! » Il m’a mis 9000 milles dans la vue, l’équivalent de trois transatlantiques. Sur le moment ça m’a fait mal. Ceci dit, la différence entre mon bateau et le sien est colossale. Avec mon IMOCA, je n’ai jamais tenu plus de 15 nœuds de moyenne sur 24 heures. Un foiler peut tenir 25 nœuds. Mais la performance d’Armel n’en reste pas moins monstrueuse ! »
Des moments de solitude…
« L’Indien est l’océan qui me faisait le plus peur. Cela s’est confirmé dans ce Vendée Globe. C’est là-bas que je me suis cassé les côtes, que j’ai eu des soucis techniques, que j’ai rencontré les pires difficultés. Il y a des vagues de tous les côtés, c’est l’enfer. C’est un océan vraiment difficile. »Un Vendée Globe déconnecté
« Je suis parti sans livres, sans musique, sans films, sans photos… Je ne voulais pas que mon Vendée Globe soit pollué par des nouvelles venues de la terre. Je suis très content de l’avoir fait comme ça. Quand tu n’as rien, tu es comme un enfant. Et comme un enfant, quand tu t’ennuies, tu deviens créatif. Tu chantes, tu écris, tu fais des vidéos, tu t’amuses, tu pleures… Je ne suivais pas non plus l’actualité. C’était un bonheur permanent de se déconnecter. J’ai appris quelques nouvelles un peu par hasard, en contactant les proches. »Un homme changé
« J’ai réalisé dans ce Vendée Globe que nous avons des ressources insoupçonnées. Je ne suis pas navigateur solitaire, je ne suis pas mécano, je n’ai jamais pris un cours de météo. Je connaissais mes compétences et mes limites. Et pourtant j’ai terminé le Vendée Globe. Durant cette course, j’avais le sentiment très fort que ce n’était pas moi à bord. J’avais l’impression de regarder quelqu’un d’autre naviguer… »
L’avenir de Sébastien et de TechnoFirst-faceOcean
« Mon projet continue avec mes partenaires. Nous avons établi une feuille de route avec pour objectif d’être en mesure de gagner le Vendée Globe en 2024. Ce sera un projet solide avec un skipper solide. Il y aura des échéances intermédiaires. A court terme, le bateau participera à la prochaine Transat Jacques Vabre sous le nom TechnoFirst-faceOcean, mais pas sûr que je sois à bord. Personnellement, je suis bien tenté par le tour du monde en Ultimes qui va se courir en 2019… »Un livre à paraître : « Dernier de Vendée »
« Durant ce Vendée Globe, j’ai co-écrit un livre avec Patrice B-Rittener. Il est écrit à 98 %, il reste à finir le dernier chapitre. Il sera imprimé fin avril-début mai. J’adore le titre : il y avait « Premier de Cordée » et maintenant il y a « Dernier de Vendée » ! »